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Cacahuète
20 juillet 2010

[L] - E.E Schmitt - La part de l'autre

logo_schmittMa deuxième lecture commune pour aujourd'hui a été faite grâce à Pimprenelle et son challenge bimestriel : "découvrons un auteur" avec ce mois ci, découvrons Eric-Emmanuel Schmitt !

Schmitt___La_part_de_l_autreEric-Emmanuel SCHMITT
La part de l’autre


Editeur : Le livre de poche
Date de sortie : septembre 2003
Genre : biographie
Nombre de pages : 503
Lu dans le cadre de :  découvrons un auteur de Pimprenelle
Note : 5/5


4ème de couverture : « 08 octobre 1908 : Adolf Hitler recalé. Que se serait-il passé si l’Ecole des beaux-arts de Vienne en avait décidé autrement ? Que serait-il arrivé si, cette minute là, le jury avait accepté et non refusé Adolf Hitler, flatté puis épanoui ses ambitions d’artiste ? Cette minute là, aurait changé le cours d’une vie, celle du jeune, timide et passionné Adolf Hitler, mais elle aurait aussi changé le cours du monde… »

Mon avis : Je sens que je vais avoir beaucoup de mal à parler de ce livre.

En tant que grande admiratrice de l’auteur de me devais de lire ce livre. Mais je ne saurais dire pourquoi, il me faisait un peu peur. Le défi de Pimprenelle fut l’occasion pour moi de m’y pencher dessus…

J’avoue avoir eu beaucoup de mal à y rentrer dedans. Ce fut tout d’abord une lecture longue et laborieuse (une quinzaine de jours). J’adore pourtant l’écriture de Schmitt mais là, rien ne me touchait, je prenais chaque soir le livre avec pas du dégoût mais pas vraiment envie non plus. Et ce durant toute la première partie, jusqu’à l’arrivée d’un nouveau personnage, une femme prénommée  Onze heure 30 vers la moitié du livre qui a amené un peu de fraîcheur et de vie au livre !
A partir de ce moment là, j’ai pris plaisir à la lecture bien que je trouvais le livre encore long ! Je crois que tout comme l’auteur le décrit à la fin de son livre dans une sorte de journal intime qu’il nous livre, j’étais pressé qu’Hitler meure enfin !
Et arrivée au ¾ du livre, j’étais complètement dedans et ne l’ai plus lâché !...

L’histoire est rondement bien menée.
On découvre deux facettes d’un homme ou plutôt sa vraie facette, et celle d’un monde qui aurait pu être s’il n’était pas devenu ce qu’il était, le tout partant d’un concours aux beaux arts en tant que peintre :
- Ce qu’est devenu Hitler en ratant son concours,
- Ce qu’il aurait pu devenir (et le monde avec) s’il l’avait eu !

Adolf H a réussi le concours et fait tout pour s’en sortir malgré les difficultés que lui amène la vie.
Hitler a raté le concours et devient ce qu’on sait (beaucoup d’éclaircissement sur sa vie ici forts intéressants !).
Les deux étant totalement antagonistes.
- L’un sûr de lui, se pensant le meilleur, n’ayant aucun doute sur ses convictions, ses idées et ses actes. L’autre étant perpétuellement rempli de doutes, doutes sur lui, sur ses peintures, sur sa vie, son amour…
- L’un non croyant et voulant détruire toutes les églises catholiques d’Allemagne, l’autre trouvant l’âme sœur de l’amitié dans une bonne sœur.
- L’un, comme tout le monde le sait, antisémite, détestant Paris et désireux que Berlin devienne la plus belle ville du monde surpassant Paris, l’autre épousant une juive et s’installant à Paris, Montparnasse.
- Et j’en passe….

Au travers de ses différences, divers thèmes y sont abordés, plusieurs passages m’ont beaucoup interpellés, sur l’amitié, la sexualité, l’amour, le bien, le mal, le doute, la vie, soi,  « la part de l’autre »…. Je n’ai malheureusement pas noté ses passages parsemés un peu partout dans les pages.
Beaucoup de réflexions personnelles remontent de ces thèmes, le mal est il si éloigné de nous ?...

La construction choisit par l’auteur, l’alternance des récits des deux personnages (sans jamais les confondre néanmoins) permet de supporter le malaise qui se dégage au fur et à mesure que l’on progresse dans notre lecture… Le message qu’il veut nous transmettre est de plus en plus présent : L’homme né homme, chaque homme décide lui-même et à chaque instant de l’évolution et du chemin que prendra sa vie. Il nous montre comment l’humain va se transformer peu à peu…

En effet, EE Schmitt a choisi au départ d’évoquer la jeunesse d’Hitler. Une époque de sa vie, qui finalement est peu connue de chacun. Et on se surprend à côtoyer un personnage finalement « humain ».
C’est en effet, la nature humaine qui est explorée ici, et le lecteur se surprend en fin de compte à se poser des questions sur lui-même. EE Schmitt nous place face à nos propres faiblesses et à la part de ténèbres qui vit en chacun de nous…

"Qu'est ce qu'un homme ? Un homme est fait de choix et de circonstances. Personne n’a de pouvoir sur les circonstances, mais chacun de nous en a sur ses choix ».

Ce qui m’a plu également, c’est qu’on apprend beaucoup sur cet homme que tout le monde connaît à travers ses actes, mais le connaît-on vraiment comme personne ? Hitler au travers des deux guerres, puisque le livre commence à l’adolescence et se fini au 20ème siècle. Mais malgré ce, je ne l’ai pas du tout ressenti comme un livre historique (beaucoup ici savent déjà mon aversion pour les livres historiques !). Ce n’est pas une épopée historique avec des personnages qui la traversent qui y est relatée. Mais la vie d’un homme au travers de l’histoire que tout le monde connaît, donc point de détails encombrants, on ne fait que traverser l’histoire. Mais on découvre comment une personne a pu évoluer mentalement tout au long de sa vie face aux circonstances qui se sont présentées à lui…
Et là, je dis chapeau bas pour cette superbe façon d’aborder l’histoire ! Le tout est enrichi  de sérieuses recherches.

A la fin, le journal d’E.E. Schmitt qu’il a écrit tout au long de l’écriture du livre, où il nous explique certains faits, pourquoi l’écriture de ce livre, l’hostilité qu’il a rencontré de la part de son entourage, ainsi que sa souffrance tout au long de l’écriture de ces 500 pages, est un plus incontestable du livre !

« Quelqu’un me dit apprenant le sujet de mon livre : - Décidément, vous êtes le roi du sujet casse-gueule. Freud et Dieu dans Le Visiteur, le solipsisme dans La Secte des égoïstes, Pilate, la morale dans Le Libertin, le coma dans Hôtel des deux Mondes, l’islam dans Monsieur Ibrahim. Je tremble. Il ajoute : - Et cependant, vous ne vous cassez jamais la gueule ! »
Extrait du journal

Un livre donc très intéressant. Un livre sur un homme dont on n’a pas envie de dire le nom, (car il reste pour beaucoup un sujet encore tabou) et pourtant, comme dit Schmitt, si on n’a pas envie que les choses recommencent, il faut bien essayer de comprendre ?! C’est ce qu’il a eu envie de faire au travers de ces 500 et qq pages.

Un livre qui m’a donc beaucoup déplu au départ, mais qui a su me  conquérir par la suite  et au final, un livre que je recommande à tous ! un incontournable ! Même si on n'aime pas, il ne peut nous laisser indifférent et ne peut qu'avoir des répercutions indélébiles sur nous ! Un livre à lire, voire à relire, un livre à avoir....

Un gros pari fort risqué pour l'auteur ! mais pari réussi !

Désolée du peu de construction de ma note... je suis consciente que ça part un peu dans tous les sens, mais tant et tant de choses peuvent être dites sur ce livre, que j'ai du mal à rassembler les idées ! le mieux est encore de le lire ! ;)

Extrait :

"La plus haute nuisance n'a donc rien à voir avec l'intelligence ou la bêtise. Un idiot qui doute est moins dangereux qu'un imbécile qui sait. Tout le monde se trompe, le génie comme le demeuré, et ce n'est pas l'erreur qui est dangereuse mais le fanatisme de celui qui croit qu'il ne se trompe pas. Les salauds altruistes qui se dotent d'une doctrine, d'un système d'explication ou d'une foi en eux-mêmes peuvent emporter l'humanité très loin dans leur fureur de pureté. Qui veut faire l'ange fait la bête". La Part de l'autre, Éric-Emmanuel Schmitt

"Reduire Hitler à sa scélératesse, c'est réduire un homme à l'une de ses dimensions. C'est lui faire le procès qu'il fit lui-même aux Juifs". La Part de l'autre, Éric-Emmanuel Schmitt, Extrait du journal

Adolf H : (Pages 209 à 211) : « Mes amis, j’écris ce petit mot pour vous dire que je vous aime, que je pars avec la fierté de vous avoir connus, l’orgueil d’avoir été choisi et apprécié par vous, et que notre amitié fut sans doute le plus elle œuvre de ma vie. C’est étrange, l’amitié. Alors qu’en amour, on parle d’amour, entre vrais amis on ne parle pas d’amitié. L’amitié, on la fait sans la nommer ni la commenter. C’est fort et silencieux. C’est pudique. C’est viril. C’est le romantisme des hommes. Elle doit être beaucoup plus profonde et solide que l’amour pour qu’on ne la disperse pas sottement en mots, en déclarations, en poèmes, en lettres. Elle doit être beaucoup plus satisfaisante que le sexe puisqu’elle ne se confond pas avec le plaisir et les démangeaisons de peau. En mourant, c’est à ce grand mystère silencieux que je songe et je lui rends hommage. »

" Tu ne crois pas en Dieu, mon cher Adolf ? Moi, c'est dans le diable que je ne crois pas! Car je ne peux pas concevoir un diable qui voudrait le mal pour le mal. La pure intention maligne n'existe pas. Chacun se persuade de bien faire. Le diable se prend toujours pour un ange. Et c'est pour ça que j'ai si peur."

"Comprendre, n'est pas pardonner." Extrait du journal.
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Ce livre a donc été lu dans le cadre du challenge découvrons un auteur de chez Pimprenelle, Les différents participants et leur choix de lecture se trouvent ICI, allons voir ce qu'ils ont choisi et ce qu'ils en pensent !

Les autres livres de Schmitt commentés ici sur ce blog :
- SCHMITT E.E. - L'enfant de Noé
- SCHMITT E.E. - L'évangile selon Pilate
- SCHMITT E.E. - Lorsque j'étais une oeuvre d'art
- SCHMITT E.E. - Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran
- SCHMITT E.E. - Oscar et la dame rose
- SCHMITT E.E. - Petits crimes conjugaux
- SCHMITT E.E. - Ma vie avec Mozart
- SCHMITH E. E. - Le sumo qui ne pouvait pas grossir

Sa biographie succincte et sa bibliographie : ICI
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Commentaires
C
en l’occurrence ici il est question d’Hitler, d'autres livres parlent des autres, pas tout à la fois..... histoire de ne pas tout mélanger !
L
Ca se lit pas trop mal car l'écriture est facile . Mais à ne se focaliser que sur un seul "démon", Hitler,qui aurait pu être un "ange" , on oublie qu'il y a eu d'autres "méchants " ne serait-ce qu' à l'époque moderne : Staline, Mao , Pol Pot, et des tas de conflits très meurtriers : conclusion , recalé ou pas aux Beaux-Arts , le mal a existé et existera , y a pas qu'Hitler ! Et il a été suivi par des millions d'admirateurs ! Le bouquin c'est donc plutôt du pipeau sur une vedette ,Hitler, qui fait vendre ! Les bonnes questions sont ailleurs !
C
pourquoi tu dis que ça fait bizarre ? c'est un fait ! on n'y peut rien ! ;) plus j'ai du recul sur ce livre, plus je me dis qu'il m'a plu aussi !
N
J'adore Schmitt, je le trouve vraiment très fort comme auteur. Il arrive à nous amener partout dans ses histoires et celui ci est effectivement particulièrement dérangeant.<br /> <br /> Ca fait bizarre à dire mais j'ai adoré ce roman!<br /> <br /> Mon avis détaillé si ça t'intéresse: http://cafardsathome.canalblog.com/archives/2009/12/11/16113248.html
C
on est d'accord sur le fait que c'est une lecture instructive et agréable ! après, biensur, de multiples versions auraient pu voir le jour ! il ne faut pas oublier la partie fiction du livre !<br /> Merci pour ton passage
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